La rencontre de l’agriculture avec le milieu a généré une inversion des rapports entre biomasse sauvage et artificielle, puisque la biomasse sauvage présente sur la planète est passée en moins de 10.000ans (temporalité de l’introduction de l’agriculture sur la planète) d’un rapport d’environ de 100 pour à 1 à un rapport de 1 pour 100 rapporté à la biomasse “domestique”. Ainsi la sur-industrialisation et la surproduction de l’agriculture largement amorcée depuis plusieurs millénaires produit des impacts morbide sur le vivant dont la surproduction pour des intérêts économiques sont principalement la cause : on peut alors parler de “capitalocène”.
Cet impact morbide de l’alimentation sur le vivant est particulièrement marqué dans le cas de la viande. En effet, sa consommation est aujourd’hui un point crucial dans les problématiques écologiques contemporaines : elle est énergivore, consomme beaucoup d’eau et de terrain (jusqu’à 30 fois plus que pour du blé à titre de comparaison). L’alimentation en viande est donc un levier important sur lequel agir dans de la cadre de la transition écologique nécessaire à réaliser, puisque chacun peut agir directement sur sa propre alimentation en viande et donc sur son bilan carbone. Elle est à la fois une problématique individuelle avec la consommation de chacun, et générale du fait de l’industrie de l’alimentation, des cultures alimentaire. Le travail de cartographie des espaces numériques permet de faire un état de l’art d’un sujet à travers le temps grâce à l’extraordinaire travail d’archivage que représente Internet. Une dimension axée sur sciences sociales permet de donner de la densité et de la réflexivité inspirée par les théorie de la complexité et du savoir rhizomatique, nous jouons avec les représentations. Ce travail est donc la base quantitative des autres travaux. Dans le cadre de notre travail, nous souhaitons par un travail de cartographie du numérique au travers de sources variées (article de presses, scientifiques, analyse de données) identifier les acteurs et les techniques, afin de rendre plus lisible cette articulation entre problématique individuelle et collective que pose l’alimentation en viande.
Afin de savoir si la controverse entre viande et écologie est présente dans le débat médiatique donc supposément le débat public, nous avons analysé le nombre de citations de mots au sein de plus de 150 journaux français provenant de la presse nationale et régionale des années 1960 à nos jours. Nous avons sélectionné les articles selon s’il contenait les mots clés viande (dans le titre) et écologie (et/ou dans le titre et le texte), avant d’intégrer le corpus (nettoyé) dans un logiciel de word mining intitulé Voyant Tool (libre et en ligne).
Nous remarquons que la controverse entre production de viande et écologie est absente des titres de presses jusqu’au années 1990 où la crise de la vache folle met en lumière une première controverse mais peu marquée par la dimension “écologique” mais plutôt comme une crise liée aux territoires et à la politique nationale. Des années 2010 à 2020 on remarque une explosion d’articles de presse liant viande et écologie en effet, il y trois fois plus d’articles à ce sujet que la décennie précédente. Finalement de cette première enquête nous remarquons un glissement du discours autour la viande d’une controverse locale concernant autant la production et la filière agricole à un discours de responsabilisation écologique des consommateurs où une grande place à l’éducation du consommateur est laissée.
Afin de donner à voir l’exposition médiatique sur la scène française de la controverse sur la consommation de viande et de ses substituts, nous avons conçu une carte des acteurs de cette controverse et des réseaux médiatiques qui la couvrent.
La lecture de cette carte se réalise suivant deux axes : un premier axe horizontal qui s’applique seulement aux médias, représentés en violet sur la carte, et qui suit leur ligne éditoriale générale : on retrouve ainsi tout à gauche libération et tout à droite le figaro.
Un deuxième axe vertical qui lui décrit le positionnement des acteurs suivant cette controverse : vers le bas, on retrouve les acteurs conservateurs favorables à maintenir la consommation de viande issue de l'abattage des animaux quand vers le haut, à l’inverse, on trouve des acteurs qui sont plutôt pour la consommation de substituts à l’instar de la viande de culture ou de la viande dite “végétale”. Parmi les acteurs à qui s’appliquent cet axe, on retrouve les acteurs de l’industrie, avec en rouge vif, les start-up, travaillant sur des substituts à la viande. On les retrouve logiquement vers le haut de la carte. Les entreprises classiques d’abattage, sont en rouge saumon et sont donc au contraire vers le bas de la carte. En bleu on trouve les syndicats et associations militantes ; ils se situent donc aux extrémités supérieures ou inférieures de la carte. En vert clair, on retrouve les experts de cette controverse ; ils sont liés, pour les chercheurs et les universitaires, aux instituts en orange dans lesquels ils travaillent. Ces derniers, se situent tous dans la partie supérieure de la carte, ce qui tend à montrer que le monde de la recherche n’a pas une position neutre dans cette controverse et se montre favorable à une réduction de la consommation de viande à la faveur de ses substituts. Les deux seuls experts de la controverse, qui ne sont pas rattachés directement au monde de la recherche sont Paul Ariès et Bruno Parmentier ; ils sont interrogés par un grand nombre de journaux et semblent se livrer un duel médiatique, puisqu’ils ont des positions opposées sur cette controverse :
Libération est le média qui cite la plus grande diversité de sources, tant par leur nature que par leur positionnement dans le cadre de cette controverse.
Le Monde met en avant des acteurs issus du monde universitaire et de la recherche :
Le Figaro et Les Échos pour leur part mettent en avant principalement des acteurs issus du secteur privé :
Suite au mapping des acteurs de la question de la viande, nous avons mis au point une seconde carte qui se concentre sur leurs relations entre eux, leurs argumentaires et les dynamiques qui animent ce débat.La lecture de cette carte peut s’effectuer de deux manière : L’on peut commencer par le point vert central, la diminution de la consommation de viande, qui est le sujet principal de cette carte. Depuis celui-ci, l’on peut observer les acteurs qui la soutiennent, et les formes qu’elle prend. Dans un second temps d’analyse, on découvre les problèmes que ces acteurs pointent, ainsi que l’existence du lobby pro-viande. Enfin, on remarque les acteurs impactés par les propositions et solution apportées dans l’optique de diminuer la consommation de viande. L’on peut aussi commencer la lecture de cette carte avec les points bleus, situés en haut de celle-ci. Ce sont les acteurs qui animent le débat autour de la viande dans l’alimentation. Cette lecture est la plus simple, puisque le lecteur découvrira d’abord les acteurs, puis leurs opinions et leurs opposants, et enfin leurs propositions et leurs conséquences. Cette lecture se fait à travers un axe verticale, en suivant naturellement l’évolution des nodes bleus.
Les lobbys pro-viande sont les acteurs sources de débats, de tension et d’opposition dans cette carte. Ceux-ci sont en total désaccord avec le les lobby anti-viande, en connivence avec certains scientifiques et très proches des producteurs. Ils font aussi un travail de lobbying afin de sécuriser le rôle et la situation économique des producteurs de viande. contre-arguments des lobbies pro-viande. Nous pouvons remarquer que leur argumentaire est principalement contre les substituts de viande, ou fait appel à l’imaginaire collectif et au mythe de la viande.
La production de viande in-vitro à partir de cellules souches animales est un des arguments majeurs des lobbies anti-viande, puisqu’il s’agit d’un substitut éthique, moins polluant et donc ressemblant à la viande animale.C’est une des alternatives majeures à la viande, du fait du ratio animal/viande produite et de son coût énergétique.
Les lobbys pro-viande s’opposent néanmoins à ces pratique, soutenant qu’il s’agit de “ fausse viande et que cela représente un danger.
Le gouvernement est un acteur majeur dans la question de la consommation de la viande dans l’écologie. Il doit assurer la sécurité de ces citoyens (vis à vis de la viande mais aussi des viandes in-vitro), finance de nombreux scientifiques, joue un rôle économique majeur pour certain acteurs et peut prendre des décisions capitales dans la diminution de la consommation de viande.
Les problèmes liés à la viande sont pointés du doigt par les lobbies anti-viande, les association pro-écologie et les scientifiques. Les principaux arguments sont liés à l’impact écologique, aux risques sanitaires (zoonose soit l’apparition de maladies transmissibles de l’animal à l’homme, mais aussi risques cardio-vasculaires), à l’éthique de tuer et exploiter des êtres vivants et à l’usage d’antibiotiques pour les animaux.
Les producteurs sont au centre de ce débat. Ils peuvent en effet être à l’origine d’alternatives à la viande, mais sont avant tout ceux qui la produisent et la vendent au grand public. Ils bénéficient d’un soutien économique des institutions, mais aussi moral, technique et médiatique auprès des lobbys pro-viande. Ils sont particulièrement concerné par la réduction de la consommation ou l’apparition de taxes, puisque cela impacterait profondément leur situation économique.
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