Un futur sans viande ?

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Pourra-t-on encore manger de la viande en 2036 ?

Cléo Welgryn, Roma Drelich, Pierre Merlet, Hugo Labat-Chaure,
Ludovick Halley (cofondateurs de Rebound)

30 avril 2035

#Viande #Énergie #Climat #TVE

Le nouvel impôt sur les externalités proposé par le gouvernement risque de bouleverser de nombreux secteurs, notamment la filière bovine qui se soulève déjà contre une loi « trop contraignante ».

Depuis 5 ans déjà, les entreprises françaises ont l’obligation de tenir une comptabilité environnementale, prenant en compte les “externalités” (les ressources environnementales utilisées par l’entreprise et la pollution qu’elle produit) sur leurs activités mondiales. La mesure qui avait fait grand bruit était justifiée par le respect des engagements internationaux sur le climat dans un contexte d’augmentation de la température globale supérieure aux estimations scientifiques.

Le gouvernement vient d’annoncer qu’il compte « accélérer la transition » et créer une taxe sur les externalités qui remplacerait l’impôt sur les sociétés. Comme l’a expliqué Cyril Dilon, ministre de la transition écologique et de l’adaptation aux changements, invité par France Inter : « Nous ne sommes plus à l’heure de la demi-mesure. Les effets du changement climatique se font déjà sentir et les experts sont formels : nous avançons droit vers une augmentation globale de température de 3°C à l’horizon 2050. La transition écologique de notre économie est une urgence si nous ne voulons pas dépasser les limites planétaires qui rendraient la Terre invivable. »

Le projet de loi qui sera déposé la semaine prochaine à l’Assemblée s’appuie sur la comptabilité enrichie pour proposer une « taxe sur la valeur externe » (TVE), faisant la part belle aux entreprises “vertes” au détriment des secteurs les plus polluants. Concrètement, la somme des ressources naturelles utilisées par les entreprises et les pollutions qu’elles produisent donnera lieu à la fin de l’année au versement d’un nouvel impôt dont on ne connaît pas encore les montants mais qui se voudra prohibitif et appliqué dès le 1er janvier 2036.

« La TVE est un impôt innovant et nécessaire. »

« L’objectif est clairement de réorienter les entreprises et les consommateurs vers des modes de production compatibles avec l’urgence climatique. » a ajouté le ministre. « Nous ne souhaitons pas interdire arbitrairement certains types de modèles économiques. L’idée est de progressivement décourager les activités qui ne sont rentables financièrement que grâce à une exploitation ou à une dégradation des ressources communes. » 

Interrogé sur la question de la concurrence internationale, M. Dilon explique que la France est prête à surveiller très précisément les potentielles fraudes et à décourager l’évasion fiscale par des pénalités ciblées et s’attend à ce que d’autres nations créent un impôt similaire. « La France a inventé la TVA (taxe sur la valeur ajoutée, ndlr) en 1954 et fut suivie par l’ensemble des grandes économies. De la même façon, la TVE est un impôt innovant et nécessaire, dans un contexte où les Etats cherchent de nouvelles manières de faire évoluer leurs économies. Nous sommes les premiers mais certainement pas les derniers. » 

Comme vous le savez certainement, cette annonce a eu des effets très importants sur les cours en bourse de plusieurs entreprises, notamment du CAC40 qui ont enregistré des baisses record. Nous souhaitons ici discuter d’un des points qui a fait l’actualité suite à l’annonce du gouvernement : l’application de cette loi au secteur de l’agriculture.


En effet, du fait du mode de production agricole actuel, de nombreuses voix s’élèvent pour dire que la loi pourrait avoir pour conséquence d’empêcher la production de nombreuses denrées au coeur de notre alimentation, et notamment la viande bovine. Le gouvernement envisage notamment de prendre en compte comme des externalités la quantité d’eau ainsi que la surface utilisée par les producteurs, en plus de leur production de gaz à effet de serre, ce qui empêcherait la rentabilité de la plupart des élevages. Alors sera-t-il impossible de manger de la viande en 2036 ?

Illustration d'un tracteur

Les énergies fossiles sont omniprésentes dans l’agriculture. De la création d’engrais chimiques à la production et au fonctionnement des machines, l’agriculture traditionnelle serait très durement touchée par une telle loi. La rentabilité de la plupart des exploitations tient à l’absence de prise en compte des externalités telles que le rejet de gaz à effet de serre.

« Ce projet de loi est une attaque mortelle contre
la culture gastronomique française. »

La colère des agriculteurs

Les annonces du gouvernement ont provoqué la levée de nombreuses voix parfois très critiques à l’égard de cette nouvelle taxe. En effet, nombreux sont celles et ceux qui y voient là un passage en force d’une loi jugée très contraignante et sévère envers un secteur agricole déjà en proie à de nombreuses crises par un gouvernement qui ne souhaite visiblement plus attendre avant d’agir face à l’urgence climatique que nous connaissons aujourd’hui.

Parmi les opposants au projet de loi, de nombreux agriculteurs soucieux de leur avenir font déjà connaître leur mécontentement sur les réseaux sociaux. Bien que la volonté du gouvernement d’entamer une transition écologique et énergétique s’est faite connaître depuis déjà plusieurs décennies, aucune mesure aussi drastique n’avait jusqu’alors été adoptée. C’est donc une décision inédite à laquelle de nombreux agriculteurs ne s’attendaient pas.

Sur les réseaux sociaux, un nouveau groupe Twitter regroupant un collectif d’agriculteurs opposés au projet a vu le jour sous le nom de « Extinction Agricole » ; un compte ayant déjà réuni plusieurs centaines de milliers de followers en à peine quelques heures, notamment grâce au #TouchePasAMaViande, devenu depuis le hashtag le plus populaire sur Twitter en France. Parmi les complaintes les plus partagées sur le réseau, celles d’un manque de marge de manœuvre pour les agriculteurs ayant besoin de repenser complètement leur activité, de s’adapter dans la mesure du possible voire de se reconvertir totalement dans certains cas.

Faux tweet d'un agriculteur se plaignant des mesures gouvernementales, design fiction, imaginaire

Dans les cas les plus extrêmes, certains reprochent même au gouvernement de « les tenir en joue pour les forcer à mettre la clef sous la porte sans autre forme de procès ». Suite à notre demande en ligne de témoignages, Pierre Hermont, agriculteur depuis déjà trois décennies nous a avoué « ne pas savoir comment réagir à cette annonce tant les investissements à prendre en compte pour répondre aux nouvelles normes seraient colossaux et impossibles à mobiliser dans de si courts délais ».  

En soutien à ces affirmations, d’autres agriculteurs déplorent également le prix colossal qu'impliquerait l’application de la loi à l’achat de tracteurs qui constituait déjà un investissement important pour nombre d’entre eux, mais aujourd’hui considérés comme trop polluants, les forçant de fait à remplacer ces machines par de la main d’œuvre en grande quantité. Il en va de même des intrants chimiques et des engrais jusqu’alors massivement utilisés dans l’agriculture française, malgré les risques pourtant établis et démontrés qu’ils engendrent sur l’environnement depuis maintenant plus d’un demi-siècle, en plus de l’utilisation d’énergies fossiles

Les syndicats agricoles demandent par ailleurs plus de clarté au gouvernement sur les mesures mises à disposition des agriculteurs pour les accompagner dans cette transition. Certaines ont déjà été annoncées - telles que la mise en place de plans de recrutement de nouveaux agriculteurs, l’ouverture de primes pour les « Bac Pro : Spécialité Agriculture », ou encore la création de plateformes destinées à conseiller les agriculteurs en reconversion technique - mais semblent néanmoins insuffisantes. Le gouvernement pointe vers la PAC qui a été réformée en 2029.

Aux agriculteurs s’ajoutent aussi les voix des Français qui estiment que la viande fait partie de la culture gastronomique nationale ; s’attaquer à la viande bovine reviendrait à s’attaquer à l’identité nationale du foyer mondial de la gastronomie. Les grandes marques de restauration rapide ainsi que les restaurateurs s’inquiètent eux aussi des conséquences directes qu’une telle loi aura sur leur activité. Guillaume Rouchard, chef étoilé d’un établissement prestigieux de la capitale s’inquiète en effet de la réduction drastique des plats qu’il serait en mesure de proposer, ainsi que de l’effet immédiat et économique que cette mesure aurait sur une clientèle habituée à consommer des biens alimentaires carnés : « Ce projet de loi est une attaque mortelle contre la culture gastronomique française. Est-ce que vous imaginez des bistros sans bœuf et sans porc vous ? ».

L’ensemble de la filière viande est donc affecté par cette future loi. Toutefois, comme le soulèvent avec vigueur la FNB (Fédération Nationale Bovine), l’INAPORC (Interprofession Nationale Porcine française) et la FNO (Fédération Nationale Ovine) dans une tribune commune parue cette semaine chez nos confrères de La France Agricole, la loi avantagerait certains acteurs de la filière viande au détriment de nombreux autres. Ainsi, ces derniers n’hésitent pas à parler de « cadeaux » faits aux producteurs de volailles et d’insectes, seules filières apparaissant aujourd’hui capables de conserver une rentabilité future


En effet, les productions bovine, porcine et ovine font figure de mastodontes en termes de coût écologique et énergétique. Le rapport entre les ressources naturelles utilisées et les calories alimentaires produites apparaît donc bien plus efficace pour la production de volailles et d’insectes. Par exemple, la production d’un kilo de poulet nécessite 6 fois moins de surface qu’un kilo de porc, et la production d’un kilo d’insectes rejette 5 fois moins de gaz à effet de serre qu’un kilo de viande bovine.

Graphique représentant l'impact écologique production d'un kilo de viande

La signature commune d’une telle tribune venant d’acteurs traditionnellement concurrents est inédite et ne manque pas de rappeler les limites de cette loi. En cause, la possibilité d’un effet rebond sur les quantités de volailles et d’insectes consommées. La FNB, l’INAPORC et la FNO mettent en évidence le risque d’une augmentation conséquente des volumes de volailles et d’insectes, contrebalançant les bénéfices écologiques de la loi.


Cependant, bien qu’une légère déportation de consommation est à prévoir, il apparaît encore peu probable que la consommation de volailles et d’insectes connaisse une explosion suffisante pour compenser les effets environnementaux de la réduction de consommation de viande bovine, ovine ou porcine.

Des secteurs avantagés

Illustration terre

Elevage de Tenebrion Molitor, plus connu sous le nom de vers de farine

Dans cette bataille de l’opinion publique, certains voient le changement d’un bon œil. Nous nous sommes intéressés aux secteurs qui pourraient, eux, bénéficier de la mise en application de la loi. Le CEO de Nutribugs - une entreprise spécialisée dans l’élevage d’insectes comestibles - nous a donc accueillis dans leur ferme près de Toulouse (ref - entreprise existante comme source d’inspiration).

 « L’élevage d’insectes rejette jusqu’à 100 fois moins de gaz à effet de serre qu’un élevage conventionnel pour la même quantité de protéines. Il nécessite moins de surface au sol, moins de nourriture, et moins d’eau. Je trouve ça normal que les entreprises payent en fonction de leurs émissions, c’est une sorte de responsabilisation » déclare Erwan Fiastre, en charge de la direction depuis maintenant 5 ans.

Lors du lancement de Nutribugs en 2012, se nourrir d’insectes paraissait encore inconcevable pour une grande partie des consommateurs occidentaux. Eric Auriol, son fondateur, déclarait lors d’une interview au JT de 20h : « Les pionniers au début passent toujours pour des farfelus ou des illuminés, et c’est souvent le temps qui leur donne raison ». Nutribugs est aujourd’hui le leader européen sur le marché très lucratif des insectes comestibles. Erwan revient sur le tournant dans l’opinion publique : « Les européens avaient du mal à concevoir l’alimentation à base d’insectes, mais quand l’entreprise a été lancée, il y avait déjà plus de 2,5 milliards d’humains qui se nourrissaient d’insectes, en Asie et en Afrique principalement. Il a fallu l’introduire petit à petit dans les habitudes occidentales, et répondre aux normes sanitaires. Les gens ont fini par comprendre que c’était une réponse indispensable aux enjeux de sécurité alimentaire. Les 8 milliards d’humains présents aujourd’hui consomment déjà en moyenne trois repas à base d’insectes par semaine, ce qui permet de répondre aux besoins nutritionnels d’une grande partie de la population mondiale ».

Graphique illustrant le potentiel nutritionnel et la valeur écologique de la consommation de viande bovine et d'insecte.

Les insectes sont plus accessibles, moins coûteux, et plus nutritifs que la viande. Alors pour Nutribugs, il n’y a pas de débat possible : « La viande à tous les repas représente le monde d’hier, il faut s’adapter au contexte dans lequel nous vivons. La loi institutionnalise simplement un fait indiscutable ». Comme nous l’avons vu, il est très probable que la mise en application de la loi favorise ce secteur. La croissance de ce marché est renforcée par l’augmentation du prix de la viande, ainsi que par l’apport culturel des migrations climatiques. Cependant, Erwan reste lucide « ce n’est pas du jour au lendemain que les gros consommateurs de viande vont se déporter vers la consommation d’insectes, il y a toujours une transition délicate ». 


En attendant, l’objectif d’Erwan est d’augmenter la production de l’entreprise pour répondre, sur le long terme, aux besoins des 70 millions de français qui devront modifier leurs habitudes alimentaires face aux changements des conditions de production que risque d’imposer cette nouvelle loi. 

« Si cette loi avait été faite plus tôt, la migration agricole
n’aurait peut-être pas été aussi importante. »

Un facteur d’accélération du changement

Le passage de la loi laisse entrevoir quelques conséquences surprenantes, en exacerbant notamment les impacts du réchauffement climatique, touchant depuis plus de 20 ans de nombreux secteurs alimentaires du pays. Théorisé par le professeur Dours, expert de la production agricole en situation de crises, le concept de migration (ou délocalisation) agricole désigne le phénomène de déplacement des productions agricoles vers des zones ayant un climat plus adapté. Interrogé par notre équipe, il met en évidence l’importance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre : « Si cette loi avait été faite plus tôt, la migration agricole n’aurait peut-être pas été aussi importante ».
 
Cependant, il s’inquiète pour les agriculteurs qui avaient essayé de compenser l’augmentation des températures par l’augmentation de la dépense énergétique. « Par exemple, les profondes transformations entamées par les viticulteurs pour continuer de valoriser des terroirs toujours plus affectés par l’augmentation de la température moyenne (cépages plus résistants, irrigation, voilage d’été, ndlr) ne suffiront pas à s’adapter à la loi. » En effet, au vu des coûts énergétiques nécessaires pour continuer à cultiver les domaines bordelais ou du Sud-Est de la France, la TVE risquerait de rendre les exploitations viticoles de ces zones non-rentables. 


Condamnés à des productions réduites à un coût mirobolant, seuls les domaines prestigieux à destination des personnes les plus aisées pourront se permettre de continuer, « un crève-cœur » pour Dominique, viticulteur en Provence, qui craint une « double peine ». Avec 10 hectares dont moins de 2 classés en AOC, le passage de la loi ne lui permettrait plus de poursuivre son exploitation, le laissant lui aussi envisager la migration agricole, l’ajoutant ainsi aux 12 000 migrants viticoles aujourd’hui déclarés. 

Prévision des aires de répartition des principales zones viticoles française. Source : Rebound 2020

Moins impactées par l’augmentation globale des températures, des régions viticoles telles que l’Alsace bénéficient de ces migrations, accentuant la pression sur ses terroirs classés. Pour preuve, le prix d’un hectare de grands crus a en moyenne été multiplié par 10 depuis le début des années 2000. Traditionnellement tournée vers la production de vin blanc, la région s’est progressivement ouverte à des productions de vin rouge, notamment grâce au Pinot noir. Du fait du renforcement du réchauffement climatique, couplé à l’application de la loi, il semble pertinent d’affirmer que l’Alsace sera l’un des nouveaux points stratégiques de la production de vin rouge en France. Plus largement, c’est l’ensemble des secteurs agricoles français qui devront trouver l’adéquation entre changement climatique sur leur territoire et respect de la loi, comme en témoigne le documentaire Migrants Agricoles, sorti en début d’année.

Extrait du documentaire Migrants Agricoles - RT (2035)

« Cette loi est nécessaire mais ne nous sauvera pas. »

Une mesure radicale, mais nécessaire?

Le projet de loi suscite également de nombreux débats au sein de la communauté scientifique. Dans un entretien exclusif, Pedro Serbigne, ingénieur agronome et théoricien de la collapsologie, nous partage son avis sur la question : 
« Nous sommes en train de vivre une catastrophe climatique. Il faut absolument accélérer la transition écologique. Et pour passer à l’action, il faut être lucide face à la situation. Mon travail a toujours été de dire que le changement doit être radical, car notre modèle fondé sur le pétrole et la destruction de la nature ne peut plus nous soutenir. »

Rebound : Ce changement doit-il forcément passer par un bouleversement de nos pratiques alimentaires? 

P. Serbigne : Nous devons revoir toutes nos habitudes alimentaires, ce qui n’est pas anodin. La réaction de certains était donc prévisible. Mais cette démarche est nécessaire. A l’état actuel, le marché ne prend pas en compte le coût de l’énergie ni les externalités de la production agricole. Pour moi cette nouvelle mesure est une étape importante dans ce changement, mais elle arrive trop tard.

Nous sommes à un stade critique. L’inertie fait qu’on ne verra les effets de la réduction de la production de CO2 que dans 20 ans. De plus, les dernières estimations montrent que le réchauffement climatique aura lieu plus vite que prévu, puisqu’une fois que nous aurons dépassé la barre des 2°C (ce qui aura lieu en 2040 au plus tard), cela enclenchera des boucles de rétroaction qui auront pour effet de faire rapidement grimper la température au-dessus de 4 voire 5°C d’ici 2070. On s’est clairement éloigné du scénario d’un climat “stabilisé” pour s’avancer vers une “Hothouse Earth” (“Terre serre” en français, ndlr).

Une telle situation sera catastrophique. Tous les signaux des dernières décennies vont s’accélérer : fonte des glaces et montée des eaux, multiplication des catastrophes, augmentation du nombre de pays invivables à cause de la chaleur et de l’humidité… Les grandes migrations que nous commençons à voir ne sont que le début. Et en matière agricole, il sera impossible de continuer à produire des céréales en monoculture du fait de la chaleur et des sécheresses. Dans ce contexte, si nous n’arrêtons pas la viande de manière choisie, cela se fera de manière forcée.

La transition vers une économie plus verte est une mesure qu’il aurait fallu prendre il y a 30 ans si on voulait véritablement éviter l’effondrement de nos systèmes de production. L’enjeu désormais est d’une part d’arrêter de brûler du pétrole en grande quantité pour ne pas dépasser des températures qui, brisant certains équilibres naturels, feraient de la terre une “serre” invivable en atteignant des températures inédites de façon irréversible. D’autre part, il faut se préparer aux changements qui sont déjà là, notamment en apprenant à vivre de manière plus frugale. Notre système alimentaire doit donc non seulement devenir plus sobre, mais aussi plus résilient face aux crises qui vont s’accélérer. 

Rebound : Devons-nous nous attendre à des mesures encore plus strictes?  

P. Serbigne : En vérité nous aurions dû initier ce changement de masse beaucoup plus tôt, bien qu’il puisse paraître un peu brutal à première vue. Il est trop tard pour penser à notre confort. Nous devons non seulement changer notre modèle d’alimentation mais aussi l’ensemble de nos infrastructures et modes d’organisation. 

Mais il y a bien une chose que les recherches en biodiversité ont mis en évidence. C’est que les être vivants qui survivent le mieux en situation difficile, y compris les humains, sont impliqués dans des relations d’entraide. Face aux pénuries croissantes, il faudra soutenir les plus vulnérables. Seuls les plus coopératifs s’en sortiront. Il faudra bien évidemment accompagner les agriculteurs en difficulté dans leur reconversion pour garantir la viabilité du système. Pour avancer, il faudra savoir s’adapter.

Rebound est un cabinet de conseil en stratégie de valorisation des situations de crise. Fondé en 2020, il aide les entreprises à s’adapter aux changements actuels et à venir, notamment aux effondrements.

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